Trouver sa voie pour persévérer


Après avoir doublé son quatrième secondaire, William Bergeron est passé à un cheveu de ne pas retourner sur les bancs d’école. C’est finalement son passage à la Maison familiale rurale du Granit (MFR) qui a changé le cours des choses. En plus d’obtenir son diplôme d’études secondaires, le jeune homme qui étudie en production laitière obtiendra aussi un diplôme d’études professionnelles. Et il entend poursuivre sa formation lorsqu’il aura terminé à la MFR.

William est l’un des visages que peut prendre la persévérance scolaire, qui sera soulignée à grands traits, cette semaine, avec la 10e édition des Journées de la persévérance scolaire (JPS) en Estrie. Le coup d’envoi a été donné à l’école Montcalm, ce lundi.

Doubler et « perdre une année » étaient très difficiles pour William, qui étudiait alors à Victoriaville. C’est grâce aux recherches de sa mère que le jeune homme de Saint-Samuel s’est retrouvé à la MFR de Saint-Romain, qui en est à sa 20e cohorte cette année. L’établissement a ouvert ses portes il y a 20 ans, en 1999.

Là-bas, l’élève alterne entre les études et la formation en stage. « On n’est pas une grosse école, on est mieux encadré. Si tu lèves ta main, ça ne prend pas 15 minutes pour qu’on vienne te voir. On est comme une petite famille. On dort là-bas, on a comme un petit pensionnat à côté », indique le jeune homme de 17 ans, dont les notes ont augmenté depuis. Son parcours lui a redonné un élan, raconte-t-il en soulignant qu’il veut s’inscrire en mécanique agricole.

De belles histoires comme celle de William, le directeur de la MFR du Granit, Marcel Boulanger, dit qu’il en aurait plusieurs à raconter. « Il y a des parents qui nous découvrent trop tard », note-t-il.

Malgré la publicité, la MFR demeure un secret trop bien gardé, s’entendent pour dire M. Boulanger et Yves Gilbert, président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons (CSHC). Ce dernier a été le premier directeur de la MFR. « Pour certains jeunes, ce sont des petits miracles. » La MFR du Granit compte environ 75 élèves, dont les deux tiers sont des garçons. Elle offre de la formation entre autres en foresterie et en agriculture.

Aux côtés de William, Chloé Salaün-Dahl, élève de cinquième secondaire à Mitchell-Montcalm, a raconté avec passion comment elle s’investit dans une activité théâtrale avec la Maison des grands-parents de Sherbrooke, qui donnera vie à la pièce Droit au cœur.

« Ça nous permet de développer un lien avec des personnes avec qui on n’aurait jamais cru qu’on aurait un lien », lance Chloé. La préparation d’une pièce de théâtre s’avère un prétexte pour faire de belles rencontres intergénérationnelles… qui donnent parfois lieu à des discussions enflammées.

« Il y a des jeunes qui n’ont même pas ce lien-là avec leurs propres grands-parents, ou encore ils sont décédés… Ça permet d’avoir une relation familiale ou des amis de plus. »

Le mot d’ouverture de cette 10e édition a été livré par la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest. Plus de 300 activités se dérouleront dans les écoles et les organismes de l’Estrie jusqu’à vendredi.

Le taux de décrochage s’élève actuellement à 17 % dans le réseau public en Estrie pour l’année 2015-2016. L’objectif initial du projet PREE (Partenaire pour la réussite éducative en Estrie) et de la Table estrienne de concertation interordres en éducation (TECIE) était de descendre à 18 % ce taux d’ici 2020. C’est tout de même près de 400 élèves qui ont quitté l’école en Estrie en 2015-2016 sans diplôme ou qualification.